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Fours head, Londres, 30 octobre – 2 novembre

En Angleterre, chaque hiver, c’est la saison des Heads. La plus connue et renommée reste la Head of the River Eights, disputée en 8 , mais la Pairs Head et la Fours Head (embarcations à 2 et 4 rameurs) ne sont pas en reste. Avec chacune quelques 300-400 bateaux au départ, elles sont toutes trois disputées sur le même parcours mais dans le sens inverse que la fameuse Boat Race opposant les universités d’Oxford et de Cambridge reliant Mortlake à Putney sur 7km. L’an passé j’étais venu à la dernière minute remplacer un rameur de l’équipe GB mais cette fois, j’ai décidé de m’organiser à l’avance et de choisir mon équipage. J’ai donc convaincu mon coéquipier de l’équipe suisse Nico Stahlberg à se joindre à deux amis anglais et moi-même dans un 4x. Londres et Putney occupent une place tout à fait particulière dans mon cœur. En effet, j’y ai vécu pendant deux mois il y a deux ans et cela a été un tournant dans ma vie. J’y ai maintenant beaucoup de bons amis et chaque visite me fait me sentir comme à la maison, en mieux. Voilà pourquoi j’avais envie de vous relater mes aventures cette fois ci.

Jour 1 : lever très matinal ce matin. Mon avion part à 7h je dois donc prendre un train à 5h. J’arrive à l’aéroport de Genève et là, premier imprévu du voyage : Nico m’appelle pour me dire que son avion, partant de Bâles mais censé arriver en même temps que le mien à Londres, a 4h de retard !!! On ne peut malheureusement rien faire, dommage de s’être levé aussi tôt pour finalement ne pas pouvoir s’entrainer ensemble ce matin. De mon côté, tout se passe bien, j’arrive à Gatwick et saute dans un train direction Putney, un cappuccino à la main. J’arrive une heure plus tard au Westminster School Boat Club où m’attendent Bill Mason, vénérable entraineur anglais, et notre bateau réglé par ses soins. Nous trouvons un remplaçant pour Nico et faisons une petite sortie. Nico arrive vers midi et nous rejoins pour manger et effectuer notre premier entrainement dans l’équipage tel qu’il sera lors de la course. C’est un peu compliqué au début. Beaucoup de nouveaux et différents éléments à assimiler très vite : première sortie sur la Tamise pour Nico, le courant, les virages, les autres bateaux et les styles différents au sein de notre équipage à unifier. Bon entrainement malgré tout. Après avoir mangé quelque chose, Nico et moi trouvons que nous ne nous sommes pas assez entrainé aujourd’hui et décidons d’aller faire une heure d’ergo, parce qu’on aime l’ergo, surtout avec vue sur la Tamise ! Après le repas, un ami nous accueille dans sa maison familiale pour passer la nuit. La journée a été très longue et trouver un lit est plus que bienvenu.

Jour 2 : Après un english breakfast avalé en vitesse au café du coin, nous filons au club pour un entrainement matinal. Plus reposés que la veille et acclimatés à Londres, nous sommes surpris de voir à quel point le bateau va bien. On se trouve tout de suite, chacun est vraiment motivé et connait son rôle. Que du plaisir. Après l’entrainement, de retour au café pour le « second breakfast » puis deuxième petite sortie pour affiner l’ensemble et revoir la deuxième partie du champ de course en détail. De retour sur terre, Bill Mason nous brief sur la course du lendemain. Il nous dessine un plan parfait de la rivière en découpant le parcours en nous donnant des points précis auxquels penser pour chaque tronçon. Alors qu’il nous instruit, on voit qu’il vit la course comme s’il était en train de la faire : il connait et visualise chaque recoin et sa respiration s’intensifie au fur et à mesure qu’il avance dans son récit. Quelle motivation de voir un entraineur aussi investi et passionné que ça ! A la fin de son discours, il nous donne l’ordre de nous reposer cet après-midi. Dommage pour Nico qui voulait faire du tourisme… Mais nous nous exécutons : repas, un brin de shoping dans le coin, repas du soir et direction notre nouvelle demeure (la chambre vide d’un ami absent cette fois) pour la deuxième nuit.

Jour 3 : Race day ! Le départ est à 9h45. Il faut prévoir 45 bonnes minutes pour remonter les 7km à contre-courant et dans le trafic très dense des bateaux. Rendez-vous à 8h au club, passage en revue du plan de course, stretching, échauffement à terre et c’est parti ! La montée au départ et très agitée mais on garde notre calme et on laisse note bowman faire son job à merveille. Arrive l’heure de partir. On est prêts à aller à la limite tous ensembles. Nous sommes appelés, passons sous le pont de Chiswick et c’est parti ! Bill nous avait dit de donner seulement 90% dans le premier tiers mais après deux minutes, je suis déjà à la limite. Limite sur laquelle je reste tout au long de la course. Juste dans la zone où le moindre petit effort supplémentaire pourrait me faire exploser. Grâce à notre bon ensemble, nos encouragements mutuels à coup de « yeah boys ! », « come on !! », « jawohl ! » et autres, la ligne idéale empruntée par notre bowman et notre cadence de 35 au plus bas, nous parvenons à dépasser trois bateaux dans une très bonne course et franchissons la ligne d’arrivée au bout de nous-mêmes et très satisfaits de notre performance. Nous découvrons une heure plus tard que nous terminons 3èmes à 14 secondes des 1ers mais à seulement 7 dixièmes des 2èmes. Nous sommes un peu déçus et dégoutés de ce résultat. Un top 2 aurait été bien, et 7 dixièmes dans une telle course est toujours frustrant, surtout quand ils sont en notre désavantage… Mais la vie continue et ce n’est que partie remise. Pour le moment c’est le « tea time » à l’Imperial College Boat Club. Nous revêtons nos habits de cérémonie et nous dirigeons vers la réception qui a lieu au club. Le temps de partager ses impressions sur la course, de raconter les aventures de chacun, et de simplement discuter et de profiter. Après un english breakfast (encore !) au café et une petite sieste au club, il est déjà l’heure du barbecue organisé au club. La fête d’après course commence ici et continue dans un club voisin. Mon 3ème logement du séjour sera le Westminster School Boat Club.

Jour 4 : Le calme après la tempête. Je me réveille vers 8h30 et j’ai juste le temps de prendre une douche et de m’habiller avant de sauter dans un canot moteur pour remonter la rivière jusqu’au Tideway Scullers Boat Club. Là nous attendent des sandwichs au bacon et une séance d’information. En fait, quelques amis d’Imperial Boat Club vont conduire des bateaux moteurs pour sécuriser la « Vets Head », même course que la veille mais pour les vétérans. Je m’incruste donc avec eux pour profiter du petit déjeuner et du tour en bateau moteur. Retour à Putney sur une pluie battante. Ils me déposent et retournent sur l’eau. Je suis bien content de ne pas rester avec eux pendant les 2 prochaines heures ! Je rejoins Nico au café pour un autre breakfast après quoi on se dirige vers le club. Notre avion ne décolle qu’à 18h et Nico a absolument envie de faire quelque chose : soit du tourisme, soit un entrainement. Je lui dis qu’on peut même faire les deux en même temps. Il me regarde un peu interloqué et je lui dis d’attendre. Il me faut une petite heure pour faire le tour du club et trouver six autres rameurs et une barreuse volontaires et nous voilà embarqué dans un 8 de fortune, direction le centre-ville. Descente de la rivière jusqu’au fameux London Eye et le Parlement de Westminster, après avoir passé, entre autres, devant le MI6 et la vieille « power station ». 19km plus tard, nous voilà de retour au club. On rassemble nos affaires et c’est déjà l’heure de partir…

Comme chaque fois, ce séjour à Londres est passé à toute vitesse. On n’a pas vu le temps passé, on a accumulé plein d’expériences tant avironistiquement que socialement et on beaucoup et bien mangé (surtout des english breakfasts). Les anglais sont décidément incroyables !